Éditorial
Saxifrage, depuis son premier numéro et comme tous les journaux locaux indépendants, se heurte à une question centrale et à une réalité géographique : comment fournir une information sans concession, dans un territoire où tout le monde se connaît, où les interférences entre amitiés, connaissances, travail et intérêts divers sont monnaie courante ?
Cette interrogation est inévitable, car la proximité que nous avons avec les acteurs des différents sujets abordés est telle qu’il serait tentant de céder à l’autocensure. La crainte de se mettre à dos des personnes de notre entourage – proche ou non – est bien réelle, et certaines réactions suscitées par tel ou tel article peuvent être lourdes de conséquences dans notre quotidien – et parfois, l’ont bien été. Qu’il s’agisse du réaménagement de Penne, du puçage des brebis, des petits élus se confiant sous l’anonymat, ou encore de l’Été de Vaour rattrapé par le barrage de Sivens et la mort de Rémi Fraisse, tous ces sujets nous placent en porte-à-faux avec certaines de nos connaissances, voisins, collègues, voire amis. Sans compter, bien sûr, les représailles bien réelles des petits potentats locaux, habitués à une presse courtisane et supportant très mal la moindre critique de leur gestion clientéliste.
Malgré tout, nous estimons que produire une information locale n’est pas une affaire de complaisance. Nous disons, autant que possible, ce que nous estimons être juste, critique, pertinent, ou impertinent. Nous n’agissons pas pour le plaisir de complaire, ni pour celui de nuire, mais par exigence envers nos convictions, notre vision du territoire, et nos lecteurs. C’est pourquoi nous ne nous interdisons pas d’exposer librement notre point de vue, au risque de heurter telle position sociale, tel intérêt, telle certitude.
Nous sommes attachés à l’idée que notre journal se doit d’être libre, intransigeant et engagé dans la cohérence et l’intégrité des discours que nous diffusons et du regard que nous proposons.