Triste cirque
Condamnés pour diffamation
Saxifrage
Le 12 septembre, Saxifrage a enfin appris le verdict pour lequel la Cour s’était accordé deux mois de délibéré.
Pascal Pragnère et Jean-Pierre Cuq, notre directeur de publication, ont donc été condamnés à verser solidairement 1 000 € à Didier Sirgue en guise de dommages et intérêts, et 1 200 € pour ses frais de justice : le tribunal a manifestement estimé que nous avions nui à l’honorabilité de cet individu, et que ces quelques sous devraient le consoler de notre vilenie. En outre, le tribunal a condamné Pascal Pragnère et Saxifrage à payer chacun une amende de 300 € : ça, par contre, ça veut dire que c’est la société tout entière qui a été blessée par le penchant diffamatoire du journal casse-pierres, et que le tribunal l’en punit.
Paradoxalement, à l’heure où nous mettons sous presse, nous ignorons toujours les motifs qu’avancera le tribunal pour étayer son jugement : on attend les attendus. Contrairement à nous, la sanction – provisoirement – n’est pas motivée. Nous pouvons devoir l’attendre jusqu’à trois mois. Autre bizarrerie : Didier Sirgue n’a pas obtenu satisfaction quant au droit de réponse qu’il réclamait dans nos colonnes. Le tribunal a estimé que nous relayions les dommageables entorses à la vérité énoncées par un conseiller municipal, mais n’a pas jugé bon de permettre au plaignant de rétablir sa propre vérité, de répondre à nos infâmes contre-vérités. C’est regrettable, car nous nous serions fait un plaisir de lui répondre à notre tour : faut toujours commencer par parler, avec ses adversaires.
Non, le tribunal a trouvé plus conforme au droit de priver de tribune et de juste accorder une aumône à un citoyen aussi honorable. Une aumône pour l’une des plus grosses fortunes du Tarn, mais un assassinat pécuniaire et judiciaire pour Saxifrage. L’édito détaille les profits ramenés par la belle mobilisation en amont du verdict. Nous avons actuellement en trésorerie 2 778 €. Les honoraires de notre avocat s’élèvent à ce jour à 4 377 €. Et nous devrions en outre débourser 1 400 €, pour dédommager le corps social de nos bêtises et engraisser un portefeuille déjà bien grassouillet. On marche sur la tête. Soit, allons-y, sur la tête : on va pas s’arrêter de marcher. En conséquence, Saxifrage a fait appel, tout comme Pascal Pragnère.
On avait dix jours pour faire appel. C’est étrange, de faire appel à l’aveuglette, sans connaître sur quoi on a été condamnés, ces fameux attendus qu’on attend encore. Mais on est joueurs, on est combatifs, on est rétifs : on a fait appel. Rappelons que l’appel suspend notre condamnation, mais alourdit encore nos frais d’avocat. En outre, Pascal Pragnère a d’ores et déjà annoncé qu’il verserait au dossier des pièces accablantes pour Didier Sirgue : il les avait gardées par devers lui jusque-là pour des raisons tactiques, car elles sont des éléments clefs pour la plainte qu’il a par ailleurs déposée contre Didier Sirgue sur le fond de l’affaire, toutes les nuisances et magouilles dénoncées dans nos colonnes. Cela devrait, espérons-le, le blanchir, et Saxifrage, simple relai de sa parole, avec lui.
En attendant, on relance une cagnotte en ligne, on prépare le numéro 17, et, tout délinquants que nous sommes, on reste fréquentables, on ne fait pas fuir tout le monde : la preuve, le comité de rédaction vient d’accueillir Chachayver dans ses rangs. Bienvenue dans notre vaisseau pirate, qui essuie une tempête mais garde le cap. Opiniâtre, la saxifrage.